jeudi 20 septembre 2012

A propos des rencontres...


      N'attendez pas qu'on vous raconte des histoires, surtout pas l'histoire de celui que vous venez rencontrer.
Lorsqu'une histoire rencontre une autre histoire, ça finit toujours par faire des histoires. Car toute histoire à pour but de faire exister celui qui la raconte. Le moi, en même temps qu'il crée une représentation qu'il croit réelle, en devient au moment même un effet induit.

     Lorsqu'une histoire rencontre ce qui est, c'est la fin de l'histoire. Aucune histoire n'y résiste, y compris l'origine de toutes les histoires, c'est-à-dire le moi. Même la fin de l'histoire fait partie de l'histoire. Mais tant qu'il y a une préférence pour se raconter des histoires à propos de ce qui est plutôt que le goût de se laisser rencontrer par l'intimité de la présence de ce qui est, alors il y aura toujours des histoires et même parfois de très belles histoires.
Les histoires, c'est bon pour endormir les enfants le soir. Quand vous aurez appris qu'untel  a suivi par exemple un enseignement auprès de tel ou tel maître, ça vous fera une belle jambe.
Penser est une fonction qui fait appel à la mémoire pour mettre en forme des informations, à propos de l'enseignement par exemple. Mais voir est possible quand tout est oublié, toutes nos croyances, y compris la dernière d'entre elles, celle de croire que nous n'avons plus de croyance. Ce n'est pas une affaire personnelle. Voir n'appartient à personne. Il n'y a personne pour voir. C'est pourquoi voir ne peut jamais être récupéré ou utilisé en fonction d'un but. Voir ce qui est, et ce qui est devient voir. Ce n'est pas une cause qui produit un effet, c'est simultané. Il n'y a plus de point de fixation, plus de représentation de moi ou du monde à laquelle se référer, plus rien à partir de quoi l'organisation mentale pourrait produire un semblant d'adhérence, un effet de trompe l'oeil qu'on appelle le moi. Avant d'être apparemment un chercheur qui croit chercher la réalité, nous sommes. L'ego est soluble dans ce qui est. Mais cela ne constitue pas un programme. Seule la pensée lui confère un statut à part de ce qui est. En réalité il n'en est rien. Donc aucune technique n'est proposée pour anéantir l'ego. Cette technique constituerait à son tour un moyen détourné par le mental pour assurer la survie imaginaire de cette crispation totalitaire qu'on appelle l'ego. L'ego est parfaitement légitime s'il reste à sa place en tant que fonction de coordination de la personnalité, et ne devient un problème que s'il est considéré comme une identité.